Le tarif des prestations est un enjeu de taille pour n’importe quel freelance. Mais il s’avère encore plus crucial pour les tarifs des rédacteurs web, car leur métier est généralement peu reconnu et mal rémunéré.
Mais, alors, comment fixer ses tarifs de rédacteur web pour en vivre de manière décente ?
Nous allons voir en effet que se lancer dans la rédaction web en freelance n’est pas chose aisée. Si vous partez la fleur au fusil, espérant vivre simplement de l’écriture de quelques articles de blog ou fiches produits, vous n’allez pas vous en tirer…
Nous allons voir ce qui fait la spécificité des tarifs pour les rédacteurs et comment exploiter ces connaissances pour tirer votre épingle du jeu.
NB : Cet article fait suite à celui sur le pricing pour les freelances. Prenez soin de lire d’abord nos conseils généralistes avant d’attaquer la lecture de ce post.
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1. Quantifier le travail
Commençons par évoquer brièvement les pratiques qui font la spécificité des tarifs des rédacteurs web : la méthode de calcul de la quantité de travail.
Celle-ci est souvent évaluée sur la base d’un nombre de mots, de caractères ou de feuillets.
1.1 Tarification au feuillet
Cette quantification correspond plutôt au print (diffusion papier), mais elle peut s’employer sur le web, notamment par les organes de presse classique qui jouent sur les deux tableaux.
Un feuillet correspond à 25 lignes de 60 caractères espace compris (« c.e.s. »), c’est à dire un total de 1500 c.e.s.
Selon le syndicat national des journalistes, le prix moyen des piges se situe entre 50 et 60 € du feuillet. Des prix similaires peuvent être observés sur le web.
Voilà donc une base de calcul. Mais cette évaluation n’est pas toujours très fiable et, surtout, ne prend pas en compte votre domaine d’expertise – on en parle un peu plus bas.
1.2 Tarification au nombre de caractères
Quand on parle en nombre de signes ou de caractères, il vaut mieux recourir aux caractères espaces compris, ou c.e.s.
C’est la mesure la plus précise et la plus juste. Le petit souci, c’est que ça ne dit pas toujours grand-chose au client.
Si vous voulez évaluer la taille d’un texte, essayez tout de même d’utiliser cette mesure chaque fois que c’est possible.
Ce compteur en ligne pourra vous aider à compter le nombre de mots ainsi que nombre de caractère (avec ou sans espaces).
1.3 Tarification au nombre de mots
Voilà une pratique que je rencontre fréquemment, dans le domaine du blogging en particulier. C’est d’ailleurs comme ça que comptent certains plugins SEO (Yoast notamment) pour évaluer la taille de vos articles.
Mais pour la facturation, le nombre de mots est une métrique assez peu fiable, puisqu’elle dépend fortement de votre style (et du style attendu par le client).
Pour avoir une idée de ce rapport vous concernant, prenez quelques articles et faites le ratio nombre de c.e.s. / nombre de mots. Pour moi, il se situe en général entre 6 et 7…
Les tarifs au mot varient beaucoup : ils peuvent s’échelonner de 4 centimes le mot (donc 40 € les 1000) à près de 10 fois plus dans certains cas !
1.4. Mise en garde
C’est donc souvent sur ces bases de calcul que sont payés les rédacteurs freelance.
Mais disons-le tout suite – les prix pratiqués pour un travail de rédaction « lambda » sur les plateformes de freelances sont ridiculement bas. Les 4 centimes du mot évoqués plus haut sont même assez fréquents.
Et même en dehors de ces plateformes, la plupart des clients ne sont pas prêts à lâcher beaucoup d’argent pour ce qu’ils considèrent comme un travail annexe, à la portée de tous.
Du coup, un rédacteur a devant lui plusieurs voies possibles :
2. L’approche quantitative
2.1. L’option « bourrin »
Cette option consiste à tartiner, tartiner et tartiner, en espérant gagner à peine de quoi survivre à la fin du mois. C’est le monde des tâcherons de la rédaction web. En prenant ce chemin, vous risquez de beaucoup souffrir pour pas grand-chose au final.
Mais ça peut être un petit début, pour gagner en visibilité et apprendre à produire vite et bien… Toutefois, vous aurez du mal à en tirer davantage qu’un maigre complément de revenu.
Globalement, vous l’avez compris, je déconseille cette option.
2.2 Facturer des prestations annexes
Un autre moyen de s’en sortir reviendra à facturer des prestations supplémentaires. Pensez aux prestations suivantes, que vous pouvez rajouter aux devis :
- Choix des mots-clés
- Choix et traitement des images
- Intégration de l’article sur WordPress
- Suivi / réponse aux commentaires (fixez quand même un plafond en temps ou en nombre de coms)
- etc.
3. L’approche qualitative
En facturant des prestations annexes, on s’engage déjà plus vers la bonne approche : la notion de qualité du service proposé commence à émerger.
Vous le savez, le succès d’un site n’a pas de rapport direct avec l’abondance de son contenu. Il en faut un minimum, bien sûr, mais passé un certain cap, la qualité l’emporte largement sur la quantité.
Ce qui distingue les sites qui fonctionnent bien des sites moribonds, ce sont bien sûr :
- La qualité et la pertinence du contenu (qualité intrinsèque + approche SEO)
- La politique de communication (social media)
- La stratégie marketing
Et il faut bien le faire comprendre à vos clients.
3.1. S’appuyer sur une expertise « métier »
Vous avez probablement une expérience professionnelle ou personnelle à valoriser : passion / centre d’intérêt, passé professionnel, formation… Cela vous octroie des expertises particulières, qui peuvent vous distinguer de vos concurrents. Par exemple :
- Les nouvelles technologies
- L’entraînement sportif
- Le droit commercial
- etc.
Et bien vous allez voir qu’il est possible de facturer beaucoup plus si vous rédigez sur un domaine spécifique, que peu de gens maîtrisent. Concentrez-vous sur ce ou ces domaines d’expertise, développez encore plus votre expertise, basez votre stratégie de communication dessus… et vos tarifs de rédacteur web pourront décoller.
3.2 … Et la compléter d’une expertise « rédactionnelle »
Ce n’est pas tout.
Vous tournerez vraiment bien si vous vous servez de la rédaction comme le socle d’un « service rédactionnel » plus pointu.
Non seulement ces services spécialisés sont très recherchés (quand ils sont bien maîtrisées, vos travaux de rédaction sont beaucoup mieux rémunérés), mais en plus ils vous permettront de vendre des prestations qui, bien qu’apparentées, débordent parfois du cadre strict de la rédaction web…
Et qui paient très, très bien.
Les spécialisations rédactionnelles les plus fréquentes sont :
- L’optimisation SEO (écrire pour booster les moteurs de recherche). Vous pourrez en profiter pour vendre du consulting visant à améliorer le trafic organique de tout un site.
- L’optimisation social media (écrire pour les réseaux sociaux). Vous pourrez vendre en plus des services de community management.
- Le publi-rédactionnel et le copywriting (l’art de vendre en mettant en valeur une marque / un produit). Ce type de rédaction web peut s’accompagner de consulting pour travailler la stratégie marketing, le storytelling d’une marque et/ou le taux de conversion d’un site.
3.3. Tarifs constatés
Si vous développez ces expertises – une bonne option consiste à coupler une expertise « métier » et une expertise « rédactionnelle » – vous pourrez vivre très correctement de la rédaction web.
Car dans ces conditions, un rédacteur expérimenté peut facturer plus de 300 € par journée de travail.
4. Exemples concrets
Et pour entrer dans le concret, j’ai échangé avec deux freelances dont l’activité est liée à la rédaction web.
4.1. Sandy : Rédactrice spécialiste en santé animale
Sandy Thibert a œuvré comme rédactrice web pendant plusieurs années, avant d’obtenir il y a quelques mois un poste salarié de chargée de communication dans une grande entreprise.
En tant que rédactrice, elle s’est appuyée sur ses études vétérinaires pour se spécialiser dans la santé animale. Lorsqu’elle était freelance, elle rédigeait des articles « classiques », mais proposait également des services orientés sur le community management et le publi-rédactionnel.
Q. : En quelques mots, comment fixais-tu tes tarifs ?
R. : Il étaient souvent imposés par les personnes avec qui je travaillais. J’avais un tarif minimum et si les prix me convenaient, j’acceptais.
Parfois, on me demandait un devis et là, je me basais sur une grille tarifaire inspirée par les prix du marché :
- Grilles des pigistes pour les articles SEO classiques (grilles du SNJ)
- Plus élevée pour les actions « commerciales » / communication / publi-rédactionnel
Q. : Peux-tu nous donner un exemple typique de prestation que tu pratiquais et de tarif associé ?
R. : Pour la rédaction SEO ou en presse spécialisée, ce n’était pas cher payé : la page de 2 feuillets pour 75€…
En revanche, pour des travaux orientés communication ou publi-rédactionnel, je pouvais vendre un article d’un feuillet à un feuillet et demi pour environ 150 €.
Q. : As-tu un ou des conseil(s) ou mise(s) en garde à adresser aux débutants dans ton domaine ?
R. : Surtout, ne pas vous brader. Car une fois que vous fonctionnez avec un tarifs et des clients réguliers, il est très difficile de monter ses prix…
Il vaut mieux prendre le temps de penser une stratégie qui vous démarque, développer une expertise particulière, une niche où vous aurez moins de concurrents et où vous pourrez travailler pour des tarifs corrects.
4.2. Lucas : consultant SEO
Si son travail est clairement en lien avec l’écrit, Lucas Ollivier ne se définit pas comme rédacteur. Il apporte son expertise SEO pour booster le référencement des sites pros. Mais cela le mène bien sûr à rédiger ou corriger des textes pour le web.
Vous pouvez consulter son site pour en savoir plus sur ses prestations.
Q. : En quelques mots, comment fixes-tu tes tarifs ?
R. : J’ai 2 façons de fixer mes tarifs que j’adapte en fonction des besoins du client.
- Un tarif fixe. Qui a pour but d’apporter les bases du SEO lors d’un lancement de site web : bonnes pratiques on-site, suivi de l’indexation, suivi des positions sur Google etc.
- Un tarif horaire. Fixe également, qui a l’avantage d’être plus souple et de s’adapter parfaitement aux besoins du client.
Q. : Peux-tu nous donner un exemple typique de prestation et de tarif associé ?
R. : Oui bien sûr. Par exemple pour un audit SEO, même si les tarifs varient en fonction de différentes options que je propose et de la taille du site web, je facture environ 1000€ pour un site d’une cinquantaine de pages.
Cette prestation couvre un audit SEO complet : sémantique, technique, concurrence, netlinking etc. Et surtout, il comprend une liste de tâches concrètes à effectuer pour améliorer le référencement naturel de votre site.
Q. : As-tu un ou des conseil(s) ou mise(s) en garde à adresser aux débutants dans ton domaine ?
R. : Pour rester concis, en ce qui concerne la tarification, mon maître mot c’est la flexibilité. Je trouve complètement utopique le fait de penser une grille tarifaire de façon définitive. Les besoins des clients sont tellement différents et variés.
Et vous aussi, quel que soit votre secteur d’activité, vous évoluez, vous ajoutez des cordes à votre arc, vous vous spécialisez, vous vous améliorez… et vos tarifs doivent évoluer en fonction !
Bilan sur les tarifs des rédacteurs web
Vous l’aurez compris, si vous voulez (bien) vivre de l’écriture sur le web, il faudra vous spécialiser.
Prenez le temps de définir votre stratégie et vous constaterez vraiment la différence !
Si vous avez une expérience, une remarque ou une suggestion à propos des tarifs des rédacteurs web, n’hésitez pas à nous en faire part dans les commentaires.
À lire aussi : les tarifs des Graphistes
Bonjour.
Aïe ! Aïe ! Aïe ! « Vivre de manière descente » au lieu de décente.
Et merci pour votre article.
Salutations. Loula;
Oups 😉
Un article riche en infos vraiment utiles. Merci !