Qu’est-ce que le content spinning ? À quoi ça sert ? Est-ce une bonne pratique de l’utiliser ? Pour répondre à toutes ces questions, découvrons ce qu’en pensent nos experts dans ce nouveau rendez-vous collaboratif « C’est grave Docteur ».
Avant de commencer, je vous propose quelques définitions qui pourront vous être utiles lors de la lecture des réponses proposées par nos experts :
- SERP : c’est l’acronyme de Search Engin Result Page, en d’autres termes, on parle des résultats de recherches proposés par des moteurs comme Google par exemple. Pourquoi utilise-t-on souvent ce mot ? Il est entré dans le jargon SEO tout simplement car c’est bien plus rapide à prononcer et à écrire que la version française (page des résultats de recherche).
- Black Hat SEO : cela définit l’ensemble des pratiques « borderlines » et non-éthiques visant à améliorer le référencement naturel d’un site. Ces pratiques sont pistées et peuvent être sanctionnées par Google par exemple.
- PBN : de l’anglais Private Blog Network, c’est une pratique qui consiste à créer tout un réseau de blogs privés afin de fournir des backlinks à un même site afin d’en améliorer son SEO. Généralement, ce site « phare » est le site qui est monétisé et qui génère de l’argent. Cette technique est sanctionnée par Google.
L’avis de Benjamin Thiers
Benjamin Thiers est responsable content marketing de l’agence Digimood. Dans le SEO et le digital depuis 2003, il est notamment l’auteur du livre « Digitalisez votre Marque » et le co-auteur du livre « Ce que Google Veut ». Vous pouvez le suivre régulièrement en conférence au SEO Camp, à l’Université Aix-Marseille et à Kedge Business School où il anime plusieurs cours.
Le Content Spinning a contribué aux heures de gloire du SEO bourrin dans les années 2000. De nombreux sites étaient alors générés à la volée, destinés à accueillir des publicités ou de l’affiliation (les fameux MFA ou Made For Adsense). Ces sites accueillaient un contenu de très piètre qualité, parfois illisible, souvent produit via le content spinning. Autant dire que le content spinning s’est rapidement retrouvé épinglé sur le tableau de chasse aux optimisations abusives des ingénieurs de Google !
Le contenu de basse qualité, trop court, trop générique, dupliqué ou trop similaire d’une page à l’autre, fait partie des éléments qui peuvent handicaper votre progression sur la SERP.
Pour autant, doit-on jeter le content spinning aux orties ? La réponse est non. On peut toujours utiliser le content spinning avec succès en 2018, mais de façon plus subtile et qualitative.
Par exemple, en proposant des matrices bien plus complexes, qui permettent de générer des textes différents les uns des autres, aux structures et aux nombres de paragraphes variables. L’important est de partir à la chasse aux footprints, ces morceaux de phrases qui se retrouvent d’un texte à l’autre et qui peuvent mettre la puce à l’oreille de l’algorithme.
Vous pouvez aussi éviter de générer des textes aux contenus trop généralistes en utilisant des variables, récupérées par exemple sur les bases de données de https://www.data.gouv.fr/fr/.
Par exemple, pour des textes sur les stations balnéaires, vous pourriez constituer une base de données avec les sites touristiques, le nom des plages, les musées, la présence d’un label comme le pavillon bleu, etc… Vos textes n’en seront que plus vivants !
Vous pouvez aussi utiliser le content spinning comme une base de rédaction, pour des textes qui seront enrichis à la main.
Besoin de produire des descriptions courtes pour des pages de type listing ? Préparez une matrice qui produira un texte d’environ 80/100 mots, et repassez dessus à la main avec deux ou trois phrases uniques et totalement contextualisées !
Besoin de personnaliser une grande quantité de balises Meta Description ? Le content spinning peut une fois de plus vous venir en aide, surtout si vous exploitez les variables disponibles en base.
Imaginez ce qu’on peut faire par exemple pour un site e-commerce avec le nom du produit, la catégorie, le public associé (homme, femme, race pour une animalerie, etc…).
Le content spinning peut toujours vous rendre de bons et loyaux services, mais il ne peut pas se substituer au recours à des rédacteurs compétents.
Et si vous l’utilisez, vous devrez faire preuve d’une prudence extrême. Voyez-le plutôt comme un atout pour aller vite, diversifier et enrichir rapidement le contenu de vos pages.
L’avis de Vincent Datin
Vincent Datin aide les entrepreneurs à trouver et fidéliser les clients sur le web. Développeur commercial, consultant/formateur WordPress et marketing digital, c’est avant tout un insatiable curieux. Il adore découvrir de nouveaux horizons où les interactions sont multiples (enjeux économiques, sociétaux, environnementaux).
Soyons clair sur un point : le content spinning est clairement à proscrire si votre but est de copier du contenu déjà présent sur la toile en évitant une pénalisation par les moteurs de recherche. Google interdit cette pratique et la considère comme du spam, ce qui résout quelque peu la question : c’est grave docteur ?
Le content spinning, c’est du Black Hat SEO… « Plus facile, plus rapide, plus séduisant est le coté obscur, mais pas plus fort il est… »
Les récentes évolutions des algorithmes de Google ont permis d’améliorer les filtres de détection de contenu.
Désormais, peu de logiciels permettent de produire des articles qui n’éveillent aucun soupçon.
Mais dis-moi Vincent ! Ça existe toujours quand même le content spinning, non ?… Bah, j’ai pas terminé !
C’est vrai que cette technique sulfureuse est encore présente en référencement local surtout sur des expressions du type « mot-clés + ville ». Dans ce cas de figure, il est fréquent de se retrouver en concurrence avec des sites dont le contenu est particulièrement médiocre. Leurs bonnes positions ne reposent que sur un réseau de lien avec des sites truffés de content spinning. Bizarrement, ces sites échappent encore à la patrouille Google… au moins pendant quelques mois.
Si le content spinning n’est pas une technique particulièrement éthique, il est cependant incontournable dans certaines situations.
Non, je ne parle pas du webmaster qui réalise une matrice pour spinner 6 ou 7 textes sur son blog. Je fais référence à la mise en place de réseaux de sites avec plusieurs centaines d’articles. Le coût de production de cette rédaction massive n’est pas économiquement viable même si vous avez recours à l’achat de contenu off-shore.
La seule alternative est de créer un texte original (master spin) pour produire une cinquantaine ou une centaine de versions différentes. À noter que les productions sont cependant relues et corrigées par un vrai rédacteur.
Le content spinning ne sert pas à remplacer l’humain, mais à faciliter son travail. On peut également considérer l’utilisation du content spinning comme acceptable pour des annuaires locaux avec des textes dont la structure est redondante. Idem pour des fiches de produits e-commerce avec des variations multiples.
On récapitule : oui c’est grave, sauf cas exceptionnel. Êtes-vous un ignoble pirate si vous l’utilisez encore ? Pas forcément, il n’est jamais trop tard pour une réelle prise de conscience, le vrai coupable est peut-être Google qui considère qu’un article est de meilleure qualité parce que cité dans de nombreux sites. L’infobésité et le content spinning ont encore de beaux jours devant eux… À méditer.
L’avis d’Oriane René Perez
Rédactrice-web depuis 2010, Oriane René Perez a eu l’occasion de travailler en agence et à son propre compte. Elle partage aujourd’hui son temps entre le content spinning et la rédaction de contenus classiques. Vous la connaissez peut-être déjà sous son pseudo Orianator. Oriane a une toute autre vision du content spinning et je suis heureuse qu’elle ait accepté de nous la donner ici…
La bonne utilisation du content spinning
Pratique black hat par excellence, la première fois que j’ai entendu parler du spinning, il y a une petite dizaine d’années, j’ai cru que c’était une maladie vénérienne, tant cette méthode de génération de contenu était décriée. On m’a expliqué qu’on passait un texte écrit par un rédacteur dans un logiciel pour remplacer les mots, et que c’était mal. Démarrant dans la rédaction web, cela ne m’a pas donné envie d’en savoir davantage.
Plus tard, j’ai eu l’occasion de créer de petits spins pour un client, rien de très sophistiqué, ce furent mes premières expériences, et j’ai pu comprendre la méthode et le résultat attendu. Néanmoins, n’ayant pas beaucoup poussé la pratique du spinning, je n’en ai pas réellement mesuré le potentiel. Puis j’ai eu entre les mains des masterspins de haute voltige, et j’ai compris alors toute la puissance de la chose.
Quelques formations et heures de pratique plus tard, je n’ai aucun doute sur le fait que l’on puisse utiliser le content spinning, et pas seulement pour faire du remplissage. Un bon spin est apte à offrir des textes qualitatifs, semblables à ceux d’un rédacteur, avec un atout en plus : on peut maîtriser le taux de similarité entre les textes, ce qui n’est pas le cas lorsqu’un rédacteur travaille à la main.
La rédaction de contenus répétitifs
La rédaction web, ce n’est pas toujours très stimulant, et il n’est pas rare de devoir générer des centaines de textes très semblables pour certaines commandes. Il en résulte de la lassitude, une fatigue intellectuelle intense, un niveau de qualité qui baisse d’un texte à l’autre, et surtout, sans qu’on ne le veuille, des répétitions. C’est légitime, lorsque l’on nous demande de rédiger à la chaîne des textes ayant tous le même sens.
Fiches produits, textes pour du netlinking, contenu adulte, pages liées à la géolocalisation, on écrit au kilomètre, ça coûte cher au client, et le résultat n’est pas particulièrement concluant. En tout cas, il ne l’est pas davantage que si l’on utilisait le spinning générer ces centaines ou milliers de textes.
Un contenu pas cher
Le principal atout du spinning, c’est bien évidemment son prix, qui est bien en deçà des tarifs de rédaction traditionnelle, même à l’étranger. Il est plus intéressant financièrement de passer par le spinning, que de commander du contenu unique à Madagascar par exemple. Il est possible notamment, de bénéficier de textes de 1000 mots à près de 17 centimes, en cas de besoin de gros volumes (au dessus de 10 000 tirages), un prix tout simplement imbattable. Et on ne néglige pas la qualité textuelle pour autant, puisque si le masterspin est rédigé intelligemment, et qu’il a bénéficié d’un travail minutieux, on obtiendra des tirages bluffants.
Et Google dans tout ça ?
Je ne peux me baser que sur mon expérience, les préconisations des SEO, et les conclusions des personnes que j’ai pu côtoyer, et qui ont utilisé le content spinning pour leurs sites ou clients. En dessous de 20% de similarité, on passe sous les radars, et les textes s’indexent très bien. Néanmoins, cette valeur ne doit pas être dépassée, sous peine d’outrepasser le taux de duplicate content préconisé : il en résulte la non-indexation de certaines pages. L’opération devient alors contre-productive.
Pour parvenir à obtenir un résultat optimal, il faudra contrôler le taux de similarité avec attention, et générer les tirages les plus éloignés. Personnellement, j’utilise Qualispin pour cela, qui est l’outil de Sylvain Deauré. Cela me permet d’apporter une garantie solide à mes clients, et un avis objectif sur mon travail, quitte à retoucher mon masterspin si je ne le trouvais pas suffisamment performant.
Quelles utilisations alors ?
En général, mes clients sont des e-commerçants nécessitant la rédaction de fiches produits très similaires, ou des plateformes ayant besoin de contenus pour du netlinking, destinés à des pages dédiées à la géolocalisation (plombier Toulouse, plombier Marseille, plombier Nantes…), des petites annonces pour des sites de rencontre.
Il n’est pas rare d’avoir des problèmes de footprints, que l’on constate même en obtenant un taux de similarité très bas (10 à 12%). Pour ne pas être pénalisé par ce désavantage, il est préférable, à mon sens, d’éviter de créer un masterspin pour alimenter des PBN.
Le souci n’est pas lié au moteur de recherche, mais plutôt à d’éventuels concurrents mal intentionnés, qui n’hésiteront pas à aller fouiner pour remonter le réseau, en utilisant vos contenus spinnés. Si ceux-ci sont passés dans un outil de duplicate content suffisamment puissant (Kill Duplicate par exemple), il sera possible de remonter le réseau petit bout par petit bout. Néanmoins, cela peut dépanner et offrir une alternative peu coûteuse à la rédaction, pour se lancer, quand on a un petit budget.
En tant que rédactrice et “spinneuse”, il est de mon devoir d’informer mes clients, néanmoins comme toujours en SEO, l’expérimentation personnelle reste la meilleure des analyses.
C’est quoi un bon masterspin ?
« Mais au fond, quelle différence y a-t-il entre le bon et le mauvais spinneur ? »
Blague à part, un masterspin de qualité doit comporter une bonne profondeur de spinning : on cherchera à spinner à la fois les phrases entières, des paragraphes, des groupes de mots au sein des phrases, et les mots en eux-mêmes. On fera aussi en sorte de permuter phrases et paragraphes au sein d’un même masterspin. On pourra aussi faire apparaître et disparaître des mots, des phrases, des expressions. Et l’utilisation des variables est aussi une méthode à utiliser pour obtenir un taux de similarité qui soit intéressant. On peut aussi faire en sorte dans certains cas, de faire varier considérablement la taille des spuns (tirages), en appliquant certaines méthodes.
Tout ceci permet d’obtenir un brassage très fort dans le fichier matriciel, et permettra de développer toute la puissance d’un masterspin.
Mon conseil : n’achetez jamais de masterspin dont on ne peut pas vous prouver la qualité. Prenez le temps de relire un maximum de tirages après livraison, sans forcément les vérifier les uns à la suite des autres (passer du tirage 1 au tirage 222 au tirage 458, et ainsi de suite), afin de repérer des coquilles éventuelles. Une faute mal placée, un double espace, une erreur de ponctuation, une répétition de mots (un un, de de), sont des footprints.
Et tout se passera à merveille 🙂
Content Spinning : le mot de la fin par La Webeuse
Il y quelques mois encore, je n’avais jamais entendu parler du content spinning… Je suis tombée dessus par hasard en lisant le programme des conférences du SEO Camp qui avait eu lieu en 2017.
Ce mot a aiguisé ma curiosité et comme je n’aime pas lire des mots que je ne comprends pas, c’était naturel de me documenter !
J’ai trouvé cette pratique quelque peu borderline mais surtout assez complexe et j’ai tout de suite compris que cette technique ne pouvait être utilisée que par des experts et c’est pour cette raison que j’ai eu envie de recueillir divers avis qui, je l’espère, vous seront utiles !
Merci encore à Oriane, Benjamin et Vincent pour avoir pris le temps de participer à cet article !
La technique est complexe et demande énormément de travail pour des résultats en adéquation.
Nous allons plus loin avec les spins au format cocon sémantique, ou comment associer quantité / qualité / puissance du maillage pour du contenu de nouvelle génération.
Tout à fait d’accord avec Spin Tiger. Un des principaux challenge est d’ailleurs de vérifier la qualité et l’unicité des masterspins, cela est impossible par un humain, et pourtant essentiel tant pour l’utilisateur que vis-à-vis de Google.
Pour y remédier et diminuer l’incertitude liée au content spinning nous avons développé notre propre logiciel de vérification qui s’avère fort utile.
Super merci pour cet article et ces différents avis ! Cela m’a beaucoup aidé pour ma réflexion stratégique concernant mon référencement.
Ravie que ça t’aide 😉